8 septembre 2021
Depuis 2015, l’Université Laval soutient le REPSAQ, un projet de recherche et de mobilisation visant à favoriser une alimentation durable dans la grande région de Québec. Mais qu’est-ce que l’alimentation durable ? Est-ce que l’autosuffisance régionale est une utopie dans la grande région de Québec ?
Ce sont quelques-unes des questions abordées dans le cadre de l’étude sur « Le système alimentaire de la grande région de Québec, de la production agricole à la gestion des résidus : enjeux, questions, portrait » de l’Université Laval, dont la CMQuébec est partenaire.
Qu’est-ce qu’un système alimentaire durable ?
La notion de système alimentaire fait référence à l’ensemble des étapes de la chaîne production alimentaire. Parmi celles-ci, nous retrouvons la production, la transformation, la distribution, la consommation et la gestion des résidus alimentaires. Ce concept est souvent résumé par « de la ferme à la fourchette » [1].
Afin d’être qualifiée comme étant durable, elle doit être accessible à tous, en plus d’être saine et équilibrée. De plus, le système doit préserver l’environnement, , les sols, l’eau, la biodiversité et tenir compte du climat. Les modes de production agricole doivent également assurer un revenu équitable pour les producteurs, et ce, en préservant le tissu rural et le développement local [2].
L’autosuffisance, une utopie dans la grande région de Québec ?
Dans le cadre du projet REPSAQ, les chercheurs ont tenté d’évaluer si, dans la grande région de Québec, il était possible de combler nos besoins avec une production qui serait entièrement vouée à la consommation locale. En d’autres mots, sommes-nous autosuffisants ?
D’abord, en regardant uniquement les besoins caloriques, il apparaît que le potentiel des terres agricoles dédiées aux grandes cultures comme la pomme de terre, les fruits et les légumes couvre 155 % de nos besoins. Cependant, cette production n’est pas uniquement vouée à l’alimentation humaine et se base sur un régime entièrement végétal. Dans la région, la majorité des terres en céréales et l’ensemble des terres en foin servent à nourrir les animaux d’élevage. Plus précisément six fois plus de calories sont utilisées pour nourrir les animaux que les humains !
Ensuite, les chercheurs ont analysé les liens entre la production et la consommation de plusieurs aliments sur notre territoire. Il s’avère que la région est très déficitaire en productions horticoles et de céréales destinées à la consommation humaine, alors que les productions animales (veau, porc, volaille, lait et œufs) excèdent, parfois très largement, nos besoins alimentaires.
Ces constats s’expliquent par le fait que la production de légumes requiert des terres très fertiles qui ne sont pas répandues dans notre région. Le climat doux ou la disponibilité en eau pour l’irrigation influencent aussi ce type de production.
Pour réaliser un portrait plus exhaustif, les chercheurs ont tenté d’appuyer leur recherche sur des données de consommation réelle des gens : quels aliments mangent-ils et en quelles quantités ? Les résultats sont bien différents et démontrent que, régionalement, nous produisons environ 38 % des calories que nous consommons, selon notre régime alimentaire actuel.
Le potentiel des terres agricoles
Sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Québec, la zone agricole délimitée en vertu de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles représente 28 % du territoire, soit un peu moins de 94 000 hectares. En 2018, la CMQuébec et le Forum des Élus de la Capitale-Nationale ont signifié leurs préoccupations à l’égard de l’enfrichement . L’Atlas des terres agricoles et des bâtiments inexploités de la Capitale-Nationale et de la Ville de Lévis a permis d’identifier 4 400 hectares de terres agricoles qui ne sont plus en production.
Pour encourager les activités agricoles et agroalimentaires et aspirer à un système alimentaire durable, plusieurs projets ont été lancés. À cet effet, la CMQuébec, en collaboration avec treize partenaires, est chargée de mettre en œuvre les projets identifiés dans le cadre de l’Entente sectorielle sur le développement des activités agricoles et agroalimentaires de la région de la Capitale-Nationale et de la Ville de Lévis, qui stimule ce secteur indispensable au développement de notre région.
Sources
Boulianne, M. et al., 2019, Vers une alimentation territorialisée et durable. Le système alimentaire de la grande région de Québec, de la production agricole à la gestion des résidus : enjeux, questions, portrait. Rapport de recherche. Québec, Université Laval.
Mundler P., Criner G., 2016, “Food System – Food Miles”, 77-82 in Caballero B., Finglas P., Toldra F., (Dir.) Encyclopedia of Food and Health. Elsevier. Traduction libre.
Portail du développement de l’économie sociale et solidaire: http://www.avise.org/articles/alimentation-durable-et-systemes-alimentaires-territorialises, consulté 20.04.2017