Crédit photo : Archives de la Ville de Québec, CI-N010179.
Lors de la Conquête, la destruction est importante en bordure du fleuve. Seules certaines habitations sont épargnées de même que des églises. C’est pourquoi les témoins bâtis encore existants de l’époque de la Nouvelle-France se révèlent un héritage d’importance. Ce siècle est marqué par d’importantes transformations : l’apogée du commerce du bois scié, la construction navale, le cabotage sur le fleuve, la croissance de la ville de Québec et de villages, l’ouverture de nouveaux territoires de colonisation de même que la révolution préindustrielle et des transports comprenant l’avènement du bateau à vapeur, puis du chemin de fer. Ces changements créent une forte impulsion économique qui transforme en profondeur les paysages des Basses-terres du Saint-Laurent, particulièrement en bordure du fleuve. Québec demeure la capitale de la colonie, la principale porte d’entrée à l’Amérique du Nord et devient un pôle portuaire et économique déterminant pour l’Empire britannique.
Les éléments structurants des paysages de la colonie britannique
Pendant le Régime anglais, les mêmes trois éléments naturels continuent de structurer l’occupation du territoire, soit les voies d’eau, le relief et la forêt. Toutefois, ils deviennent l’objet de transformations sans précédent. La principale différence correspond à l’échelle des diverses occupations, notamment par l’ampleur des activités industrielles, particulièrement celles du sciage. Auparavant basée sur les besoins de la colonie française, l’industrie du sciage devient une économie axée sur un marché d’exportation sous l’égide de l’Empire britannique. Parmi les principales transformations, apparaissent des paysages industriels, des noyaux ouvriers, des domaines bourgeois, des villages, de nouveaux habitats linéaires le long des routes et une expansion des paysages ruraux.
Fleuve et cours d’eau industriels
Sur la quinzaine de kilomètres entre la rivière du Cap Rouge, la rivière Chaudière et la chute Montmorency, le fleuve se transforme en une véritable autoroute pour les cages ou radeaux de bois équarri. Le port de Québec s’agrandit et gagne du terrain sur l’embouchure de la rivière Saint-Charles. Il se déploie également sur une centaine d’anses servant à l’entreposage du bois, à des chantiers navals et des scieries, tant sur la rive nord, soit à Cap-Rouge, à Sillery, au Cap-Blanc, à l’anse des Mères, que sur la rive sud, le long d’anses comme Hadlow, Benson, Tibbits ou Gilmour. Le chantier de réparation de bateaux Davie voit également le jour. De nombreux quais sont construits en bordure du fleuve. Des chantiers navals se concentrent également à l’embouchure de la rivière Saint-Charles et sur la rive sud de l’île d’Orléans.
Les principales rivières des environs, sur la rive nord et la rive sud du fleuve, servent à l’implantation de plusieurs activités industrielles dont des fabriques et des moulins à scie. L’exploitation de la pierre prend également de l’ampleur avec la multiplication de carrières et de fours à chaux. Deux carrières situées le long de la rivière Beauport figurent déjà sur le plan de Sitwell de 1867 et constituent l’empreinte initiale de la grande carrière toujours existante à cet endroit à Beauport.
- En savoir plus : les chantiers navals
C’est au chantier de l’Anse-au-Fort de l’île d’Orléans que sont construits les deux plus grands voiliers de la région, alors que les premiers bateaux à vapeur sont construits à Lévis. 48 chantiers navals sont dénombrés entre 1765 et 1893 sur les deux rives du fleuve. L’ancien chantier naval A.C. Davie et les chantiers Davie encore activité représentent des témoins de grand intérêt.
Dans la région, on fait état de 60 scieries construites entre 1829 et 1831 [15]. Les scieries les plus importantes occupent l’embouchure des rivières Etchemin et Montmorency. Sur la rive nord, on retrouve des moulins à scie sur les rivières du Cap Rouge, du Berger, Beauport, Jaune à Notre-Dame-des-Laurentides et Montmorency à Sainte-Brigitte-de-Laval de même que sur des ruisseaux comme le ruisseau Lairet ou à l’île d’Orléans.
Les rivières Etchemin, Montmorency et Jacques-Cartier servent à la drave pour amener le bois à des scieries. Sur la rive sud, outre les 4 grandes scieries construites en bordure du fleuve au confluent des rivières Aulneuse, Etchemin et à la Scie, d’autres moulins sont construits en amont sur les rivières Aulneuse, et Chaudière à la hauteur de Breakeyville. Vers 1850, plus d’une dizaine de moulins à scie sont également répertoriés dans la Jacques-Cartier.
Expansion des villes, villages, faubourgs, noyaux ouvriers et domaines bourgeois
Cette effervescence suscite une véritable explosion démographique et une expansion urbaine le long du fleuve, du côté de la rivière Saint-Charles et en haute-ville. À Québec, en basse-ville, s’étend le quadrillé des faubourgs Saint-Roch, Saint-Sauveur et les rubans de noyaux ouvriers riverains au Cap-Blanc et le long du chemin du Foulon. Les noyaux, à l’origine de Limoilou, naissent au-delà de la rivière Saint-Charles avec la construction des ponts Drouin et Scott. En haute-ville, s’étend également le faubourg Saint-Jean et se constituent ceux dans Sillery de Côte-de-l’Église, Côte-à-Gignac et Bergerville.
En 1850, de riches marchands font construire une vingtaine de spacieuses villas, entourées de grands domaines aménagés à l’anglaise, sur le dessus de la colline de Québec, le long de la Grande-Allée, des chemins Sainte-Foy et Saint-Louis. Dans la majorité des cas, ces propriétés dominent le fleuve et l’anse à bois où se déroulent les activités du marchand. Jusqu’au milieu du 19e, la présence anglaise transforme le paysage urbain de Québec dans l’architecture des édifices et dans la langue d’affichage [16]. Mais surtout, la présence de la garnison britannique modifie la silhouette des hauteurs de Québec avec la construction d’une imposante Citadelle sur le haut du cap Diamant et de tours Martellos, dont trois existent encore aujourd’hui. Des espaces de parade sont aménagés pour les militaires, créant une séquence d’espaces libres dans la ville, dont le parc de l’Esplanade, toujours existant. Des villages se distinguent. On y retrouve des bourgs industriels construits à proximité de moulins, des bourgs de services avec des échoppes et des boutiques ou des villages avec des institutions, dont des couvents. À l’est, le noyau ouvrier de Beauport structure davantage l’implantation linéaire le long des avenues Royale et des Cascades, alors qu’apparaît un noyau ouvrier riverain à l’ouest de la chute Montmorency, juste au bas de la côte Saint-Grégoire.
La rive sud du fleuve n’échappe pas à cette expansion. Les entreprises localisées à Lévis donnent naissance aux villages de Saint-Étienne, de Saint-Nicolas, de Breakeyville et de Pintendre. Des noyaux ouvriers voient aussi le jour à Saint-Romuald et près de l’embouchure de la rivière Etchemin. Le bourg ouvrier, fondé par l’industriel Caldwell, devient la ville d’Aubigny, planifiée sur les hauteurs de Lévis. Comme à Québec, ces hauteurs servent de lieu de prédilection à des résidences bourgeoises ayant vue sur le fleuve, dont le manoir de John Caldwell. D’Aubigny devient le nouveau centre névralgique en remplacement de Lauzon, en plus d’être la base de la trame urbaine du Vieux-Lévis avec son noyau institutionnel réunissant l’église, le couvent, l’hospice et l’hôtel de ville.
Nouveau visage des campagnes et expansion vers l’arrière-pays
La plaine du moyen Saint-Laurent change. Des hameaux deviennent des villages. Des villages se différencient par un resserrement des habitations dans le voisinage de l’église ou s’adaptent à la topographie du lieu. La forme la plus répandue s’avère le village linéaire qui épouse les sinuosités de la côte, appelé aussi le village-rue. Dans certains cas, l’arrière-lot est demeuré agricole alors que seule la partie des lots sur rue est subdivisée en parcelles plus étroites. Les villages de Sainte-Famille, de Saint-Laurent et de Saint-Jean sur l’île d’Orléans en représentent des exemples de même que celui du chemin du Foulon qui subsistent encore de nos jours.
Un nouveau village apparaît. C’est le cas de Saint-Augustin-de-Desmaures, dont la chapelle et une autre église, construites pendant le Régime français trop près de la batture, sont sujettes aux inondations. Un nouvel emplacement sur le plateau est choisi pour l’église actuelle, en bordure de larges espaces agricoles et de la nouvelle route vers Montréal, future route 138.
De nouvelles églises remplacent des chapelles devenues trop petites. L’église devient la marque essentielle du centre du village, avec le presbytère, le cimetière auxquels s’ajoute, dorénavant, l’école. Construite sur un site bien en vue, l’église domine le paysage environnant et les clochers deviennent des repères dans le paysage. Plusieurs églises prennent place sur le haut d’une pente, le long du rebord d’une terrasse et se révèlent bien perceptibles.
Malgré tout, hormis la bande littorale et les abords de Pointe-Lévy, la très grande majorité du territoire lévisien est agricole. Sur la rive nord, les paysages agricoles occupent l’essentiel des terrasses et des abords de la rivière Saint-Charles, de Saint-Augustin à Cap-Tourmente. L’espace agricole s’agrandit sur le pourtour de l’île d’Orléans vers l’intérieur car, désormais, les produits des cultures peuvent être envoyés vers Québec à partir des quais de Saint-Jean et de Sainte-Pétronille.
Au début du 19e siècle, la poussée de colonisation atteint le fond des seigneuries avec de nouveaux rangs et déborde les Basses-terres du Saint-Laurent pour rejoindre l’arrière-pays du Bouclier canadien. Toutefois, le caractère y demeure avant tout forestier. Les cantons de Stoneham et de Tewkesbury sont créés. Apparaissent la mission Saint-Patrick (future Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier), Waterloo Settlement (futur Lac-Beauport), la mission de Laval (future Sainte-Brigitte-de-Laval), de même que Saint-Ferréol-Les-Neiges. Ces quatre nouveaux noyaux de peuplement poursuivent le même mode d’occupation en relation avec des cours d’eau, soit le lac Beauport et trois rivières, la Jacques-Cartier, la Montmorency et la Sainte-Anne. À ces noyaux s’ajoutent aussi de nouveaux rangs d’arrière-pays sur la côte de Beaupré, soit ceux de Saint-Ignace et Saint-Achillée.
La forêt recule !
Sous l’expansion du peuplement, l’impulsion de la colonisation de nouvelles terres et de l’exploitation forestière, la forêt régresse partout sur les Basses-terres du Saint-Laurent ! Sur la colline de Québec, persistent les bois de Sillery et de Cap-Rouge qui occupent de grandes superficies et correspondent aujourd’hui aux boisés Neilson, de Marly, des Compagnons-de-Cartier, de l’Université Laval, des grands domaines conventuels de Sillery et du Bois de Coulonge.
Sur la rive sud, de larges trouées segmentent la forêt initiale en relation avec les rangs, particulièrement sur la pointe de Lévy, dans les secteurs de Pintendre, de Saint-Romuald, de Saint-Jean-Chrysostome et dans la plaine à l’ouest de la rivière Chaudière. Ils correspondent de nos jours aux boisés présents sur le cap Samson et aux abords des rivières Chaudière, Etchemin et à la Scie. Toutefois, à cette époque, l’ampleur de l’exploitation forestière affecte les bassins versants de certaines rivières, dont celui de la rivière Etchemin à cause de la localisation des moulins Caldwell en aval. En effet, Joseph-Edmond Roy rapporte en 1894 que « Tout avait été abattu, jeté à la rivière, trainé au fleuve, scié par les machines de . » [17].
Extension du réseau routier
Aux principales routes construites pendant le Régime français s’ajoutent des routes qui rejoignent les extrémités du territoire ou les dépassent pour atteindre d’autres régions. Ces nouvelles routes constituent autant de nouveaux axes de peuplement, plus éloignés de la ville, qui pénètrent à l’intérieur du territoire forestier des Laurentides méridionales. Ces dernières correspondent aujourd’hui à la trame de routes régionales ou de rues collectrices.
- En savoir plus : la carte de 1834 par Hawkins
Désormais, sur la rive sud, la route le long du fleuve se rend jusqu’à Halifax. Sur la rive nord, trois trajets connectent Québec à Montréal, soit le chemin du Roy et les axes correspondant au boulevard Hamel et au chemin Notre-Dame. L’avenue Royale rejoint Baie-Saint-Paul.
Un deuxième rang encadre le cours inférieur de la rivière Saint-Charles correspondant au tracé fondateur de l’actuel boulevard Hamel. D’autres routes existantes se prolongent à partir de Loretteville vers Valcartier (boulevard Valcartier), de Québec vers le lac Saint-Charles, de Charlesbourg (boulevard Henri-Bourassa) vers Stoneham, Tewkesbury et le lac Beauport, et de Beauport (boulevard Raymond) vers Sainte-Brigitte-de-Laval. À l’ouest, la route de Fossambault s’étire jusqu’à Sainte-Catherine, puis, grâce à un bac sur la rivière, se poursuit jusqu’au lac saint-Joseph. Un rang (route 369) longe la rive gauche de la rivière Jacques-Cartier.
Dans Lévis, les grands axes nord-sud correspondant à la rue Monseigneur-Bourget et à la route du Président-Kennedy, suivent, à peu de choses près, l’axe dominant du lotissement. Le chemin Craig (route Lagueux) sert de voie de pénétration vers le sud.
Des ponts enjambent les rivières, notamment sur les rivières Montmorency, Chaudière et Etchemin, puis sur la rivière Jacques-Cartier dans la seigneurie de St-Gabriel.
Chemins de grève, ponts de glace et liens par bateau à vapeur
Des liens via le fleuve s’affirment entre la rive nord, la rive sud et l’île d’Orléans, offrant la possibilité de découvrir les paysages. La carte de John Adams de 1822 met en évidence la présence de quatre liens interrives. Un chemin de grève estival relie la basse-ville de Québec à Beauport et longe la côte de l’embouchure de la rivière Saint-Charles à celle de la rivière Beauport. Un chemin sur la glace maintient le lien entre Québec et Beauport pendant l’hiver, alors qu’un second assure un lien entre la basse-ville de Québec et la pointe nord-ouest de l’île d’Orléans. En complément, un pont de glace assure aussi un lien hivernal entre la côte de Beaupré et l’île d’Orléans.
Toutefois, une nouveauté se manifeste : un service régulier de traverse par bateau à vapeur est établi entre Québec et Lévis, auquel s’ajoutent des liens réguliers entre Québec et Saint-Nicolas ainsi qu’entre Québec et Sainte-Pétronille.
Philippe Aubert de Gaspé rapporte ainsi dans ses Mémoires l’influence du bateau à vapeur, le Lauzon, lancé en 1817 : « le Lauzon fit une véritable révolution dans les habitudes des citoyens de la bonne ville de Québec dont les trois quarts n’avaient jamais mis le pied sur la rive sud du fleuve St.Laurent. Chacun voulait visiter cette plage inconnue terra incognita…». [18]
La révolution des transports suscitée par l’apparition du bateau à vapeur génère également l’offre d’excursions touristiques sur le fleuve jusqu’à Sainte-Anne-de-Beaupré, lieu de pèlerinage et de dévotion à sainte Anne depuis la Nouvelle-France.
Avènement du chemin de fer
Ce siècle se termine avec la construction du chemin de fer du Grand-Tronc (1854) à Lévis. Une grande portion de la voie ferrée longe directement le fleuve afin d’assurer une forte complémentarité entre le transport maritime et ferroviaire. Lévis devient une tête des réseaux vers Montréal, les Maritimes et les États-Unis. Cette localisation stratégique transforme la bordure fluviale de Lévis et un terminus s’implante à l’anse Tibbits. Il conduit également à l’implantation de gares qui favorisent le développement de Saint-Rédempteur et de Charny. Une nouvelle ère commence, car le chemin de fer devient le précurseur à l’urbanisation du territoire !
Perceptions des paysages
La nécessité de voir loin
Voir le fleuve pour en contrôler l’accès s’avère une nécessité pour défendre la ville. C’est pourquoi les hauteurs de Québec sont occupées par des ouvrages militaires, dont une citadelle sur le point le plus élevé de la colline de Québec, les remparts donnant en partie sur la rue des Remparts et les tours Martello sur les hauteurs d’Abraham. À ces ouvrages se joignent ceux de Lévis, dont la construction de forts vient en assistance à la Citadelle de Québec. Le fort Numéro-Un, construit sur le dessus du mont Lauzon, en surplomb de l’île d’Orléans et du port de Québec, en est le principal témoin aujourd’hui. Les préoccupations militaires ont également une influence sur la présence d’espaces stratégiques non bâtis. Cette préoccupation requiert un fort dégagement aux abords de la citadelle de manière à éloigner tout bâtiment; c’est pourquoi, entre 1780 et 1850, près de cent hectares sont acquis sur les hauteurs d’Abraham, achat précurseur du futur parc des Champs-de-Bataille [19].
Le romantisme : recherche du sublime, du pittoresque et de la contemplation
Le mouvement romantique, né en Allemagne et en Angleterre à la fin du 18e, suscite la recherche d’émotions fortes devant le beau et le sublime de la nature ou du voyage. Cette vision s’oppose à celle du mouvement classique typique du Régime français. « La nature humaine n’est plus seule au sommet de la beauté, elle y côtoie le paysage » [20]. Ce courant s’exprime, entre autres, en littérature et en peinture. Les sites naturels d’exception et la vue du pittoresque dans les paysages d’ensemble sont recherchés. De nombreux touristes convergent vers Québec et la qualifie « de splendide, de superbe, d’extrêmement belle, de pittoresque » [21]. Des artistes peignent des scènes en bordure du fleuve ou de rivières. Avec eux s’amorce la naissance du tourisme.
Le romancier Charles Dickens reprend, en 1842, la comparaison faite par un ingénieur militaire en poste à Québec. Tombé sous le charme de la ville, il écrit : « Voici l’impression que fait au visiteur ce Gibraltar d’Amérique : ses hauteurs vertigineuses, sa Citadelle en quelque sorte suspendue dans les airs, ses pittoresques rues à pic, ses portes sourcilleuses, et la vue saisissante qui frappe le regard à chaque détour : elle est à la fois unique et inoubliable ». [22]
Un des points de vue qui suscite le plus d’intérêt correspond à la vue offerte depuis la citadelle vers la basse-ville au premier-plan, l’ouverture du fleuve devant l’île d’Orléans et surtout l’arrière-plan naturel de montagnes et de forêts semblant sans limites. Ce panorama est jugé digne d’une comparaison avec la baie de Naples. Dans cette volonté d’observer le panorama grandiose du fleuve, la terrasse Durham (Dufferin) devant le château Saint-Louis est prolongée vers la citadelle.
D’autres sites des environs retiennent l’attention pour leur attrait naturel et leur caractère sublime. Outre les chutes Kabir Kouba sur la rivière Saint-Charles ou celles de la rivière Sainte-Anne, les plus appréciées correspondent aux chutes sur la Montmorency et sur la Chaudière. Avec la construction, près de la chute Montmorency, de la résidence d’été du gouverneur Haldimand, première villa palladienne au Canada, l’endroit devient très populaire pour les pique-niques ou les glissades sur le pain de sucre en hiver. Plusieurs artistes sont attirés par le caractère sublime de la chute Montmorency, dont James Peachey, George Heriot ou Joseph Légaré. Ce lieu devient l’un des sujets les plus illustrés au Québec et au Canada [23]. Des auteurs comme Henry David Thoreau et sir James MacPherson Lemoine en ont vanté les qualités dans leurs écrits. De nos jours, son emplacement correspond au manoir Montmorency reconstruit après son incendie en 1993.
La rive sud demeure également un lieu choisi pour voir Québec, plus particulièrement aux environs du village de Lauzon. Jusqu’à l’implantation des réserves après 1850, de nombreux visiteurs, peintres, écrivains et historiens se rendent sur les grèves de Pointe-Lévy pour admirer Québec, mais aussi par curiosité de voir les Amérindiens campés à l’anse aux Sauvages (actuelle anse Gilmour).
Ce grand courant imprègne le mouvement pittoresque à l’anglaise dans l’aménagement de grandes propriétés bourgeoises, agrémentées d’allées et de promenades ombragées dans une ambiance bucolique. La vue sur le fleuve et leurs chantiers à bois motive la localisation des villas des riches marchands tant sur les hauteurs de Québec qu’à Lévis. Ailleurs, la vue sur le fleuve, mais aussi sur la rivière Saint-Charles et les Laurentides incite une élite marchande à s’établir en bordure du chemin de la Canardière, des routes de Lorette (Saint-Vallier Ouest) et de Charlesbourg ( Avenue) [24].
- En savoir plus : le fleuve, source de divertissement
Le fleuve et la rivière Saint-Charles sont des sources de divertissement pour aller voir les navires et le lancement des bateaux en bois, puis à vapeur, nouvellement construits. L’été, les premières régates (1832) attirent les foules le long du fleuve et, l’hiver, se rassemblent patineurs, joueurs de curling ou barques à voile sur le fleuve glacé.