Crédit photo: 1761. Toronto Public Library, Baldwin Collection, jrr2048.
De l’arrivée de Jacques Cartier en 1535, en passant par la fondation de Québec par Champlain en 1608 jusqu’à la prise de contrôle du territoire par les Britanniques, deux cents ans de transformations laisseront une profonde empreinte sur les paysages de la région de Québec. Québec devient la capitale de la Nouvelle-France.
La colonisation de la Nouvelle-France jette les fondements dans l’organisation des paysages de la CMQ d’aujourd’hui. Louis-Edmond Hamelin résume ainsi cette époque en relation avec les bases du paysage rural mises en place : « des lots rectangulaires et parallèles, un chemin perpendiculaire, une suite de maisons en ligne et des résidents avec leur état d’âme » [9.Outre la ville fortifiée et portuaire de Québec, se mettent en place les premiers villages, noyaux de peuplement et axes routiers dans un paysage rural dominant.
Le paysage à l’arrivée des Européens
À l’arrivée des Européens, l’ensemble du territoire de la CMQ correspond à un paysage dominé par la forêt. La basse colline de Québec est recouverte d’une forêt de thuyas (cèdre), de pins, de chênes et de frênes. Une plaine inondable encadre l’embouchure de la rivière Saint-Charles. Une mosaïque de communautés végétales occupe le cours inférieur de la rivière Saint-Charles, dont des sapinières marécageuses et des marais semblables aux marais actuels le long du fleuve. Des portions riveraines au fleuve sont couvertes de prairies naturelles. À l’arrivée des premiers colons et des botanistes européens au 17e siècle, le nombre d’espèces végétales indigènes est estimé à 645. De ce nombre, 24 % était disparu en 1980 et, en contrepartie, près de 500 nouvelles espèces avaient été introduites [
Encore aujourd’hui, sur le mont Wright, il est possible de découvrir une érablière à bouleau jaune typique d’une forêt ancienne de 300 ans, grâce à la famille Wright qui a su la conserver en l’exploitant de manière artisanale.
Les éléments naturels structurants en Nouvelle-France
Trois éléments naturels ont conditionné l’occupation du territoire sous le Régime français : les voies d’eau, le relief et la forêt. Le fleuve, la rivière Saint-Charles et d’autres grandes rivières ont joué un rôle structurant. Voie de pénétration vers l’intérieur du continent, le fleuve est sans contredit l’élément déterminant de structuration de notre région, à cause de son rétrécissement favorable aux liens entre les deux rives, de sa profondeur d’eau propice à la navigation et de son apport nourricier avec la pêche. Ces caractéristiques facilitent le transport des personnes et des marchandises et il devient l’axe majeur de référence du peuplement. En complément, la rivière Saint-Charles constitue la seconde voie de pénétration et de peuplement à l’échelle régionale grâce à une embouchure abritée des vents et à la présence de deux chenaux accessibles à marée haute. Sur certaines rivières et ruisseaux, des moulins hydrauliques sont implantés et servent à moudre de la farine, à scier du bois, à carder de la laine ou à fouler des draps.
Le relief joue également un rôle déterminant. Alors que les hauteurs permettent de voir le fleuve, les terrains bas y donnent accès ou servent à diverses activités riveraines alors que les terrasses, les coteaux ou les plateaux s’avèrent favorables à l’agriculture. La présence d’une pointe de terre basse, située à la confluence du fleuve et de la rivière Saint-Charles et dominée par le cap Diamant, en a fait un lieu idéal pour fonder Québec.
L’adoucissement du relief de part et d’autre de la rivière Saint-Charles, sur la côte de Beaupré, l’île d’Orléans et sur la rive sud à la pointe de Lévy ont constitué des conditions propices à l’établissement et à l’agriculture, même si, au départ, ces plaines étaient entièrement boisées. Sur la côte de Beaupré et la rive nord de l’île d’Orléans, des terrasses dominent les battures du fleuve et constituent des réserves de foin naturel pour nourrir le bétail. En complément, un vaste arrière-pays forestier assure l’approvisionnement en bois nécessaire à la construction des bâtiments et des bateaux de même qu’en nourriture par la chasse et la pêche.
À l’époque de la Nouvelle-France, la forêt domine. Hormis l’écoumène décrit précédemment, la forêt couvre la plaine dans Lévis, les terrasses dans Saint-Augustin, L’Ancienne-Lorette, et Beauport, de même que tout le centre de l’île d’Orléans et une partie des coteaux en pourtour de l’île. Tout l’arrière-pays, au nord du piémont des Laurentides, constitue un vaste territoire forestier, non colonisé, servant de lieu de chasse et de pêche.
Les éléments anthropiques typiques des paysages de la Nouvelle-France
Le lotissement fondateur
Pour favoriser la colonisation du territoire, sept seigneuries sont concédées sur la rive nord englobant l’île d’Orléans, alors qu’il n’y en a qu’une seule sur la rive sud. Le fleuve sert d’axe central de référence et de front aux seigneuries établies des deux côtés de ses rives. Afin de maximiser l’accès au fleuve et à l’occupation du territoire, les lots sont découpés en longs rectangles étroits. L’implantation du bâti se fait en deux temps : la colonisation riveraine sous le nom de côte ou rang du fleuve, puis, les rangs d’arrière-fleuve au-delà des rives du Saint-Laurent.
Les différents patrons de lotissement ont eu une influence déterminante et sont encore perceptibles dans la profondeur de lots à L’Ange-Gardien, dans la trame des terres cultivées des paysages agricoles de la côte de Beaupré, de l’île d’Orléans, de Beauport et de Lévis dans les secteurs de la Martinière et de Saint-Nicolas. Ces patrons sont aussi lisibles en milieux urbains et périurbains dans l’axe oblique du chemin de la Canardière à Beauport, dans l’axe radial de rues dans Bourg-Royal, dans l’axe sud-est/nord-ouest de nombreuses rues dans Québec et Lévis.
Encore aujourd’hui, des lots s’avancent dans le fleuve tout le long de la côte de Beaupré, de même qu’à Cap-Rouge et Saint-Augustin-de-Desmaures, rappelant l’héritage de ce lotissement fondateur issu de la Nouvelle-France et des liens nécessaires pour accéder au fleuve.
- En savoir plus : la carte de 1709 par Gédéon de Catalogne
La carte de Gédéon de Catalogne représente différents modèles de lotissement. Toutefois, tous les lots illustrés ne se sont pas concrétisés. Les lots sur la côte de Beaupré se révèlent les plus profonds. Les lots s’orientent selon un axe général sud-est nord-ouest, sauf ceux de la seigneurie de Beauport, dotés d’une orientation oblique. Charlesbourg se distingue avec la présence de trois carrés dans lesquels s’emboîtent des lots ou parcelles prenant la forme d’un plan radial. Le premier système parcellaire en plan radial est établi par les Jésuites à la suite d’un édit royal ordonnant le regroupement des habitants en bourg afin de faciliter la défense de la colonie, de centraliser les services et de contrer l’étalement rural des rangs. Le village au centre comprend trois espaces dont la commune ceinturée d’un chemin appelé le trait-carré d’où rayonnent les terres de formes trapézoïdales. Ce village en étoile est considéré comme l’un des premiers gestes de planification urbaine en Amérique française. Les Jésuites, puis Talon adoptent le même modèle pour fonder respectivement le village de la Petite-Auvergne et Bourg-Royal mais dont le centre sera dépourvu de noyau paroissial. Les lots sur l’île d’Orléans s’aboutent dos à dos avec deux rangs simples longeant les chenaux sud et nord du fleuve. Arrivent les premiers rangs de rivière i.e. se faisant face de part et d’autre de la rivière Saint-Charles. Apparaissent également une série de huit à dix rangs d’arrière-fleuve permettant des établissements intérieurs sur la colline de Québec, entre Cap-Rouge jusqu’à la Nouvelle-Lorette.
Québec, ville fortifiée et portuaire
En Nouvelle-France, la ville se résume à Québec. Québec offre le paysage d’une ville française développée en deux entités distinctes, avec une forte ségrégation des fonctions urbaines, imposée par le relief : la haute-ville fortifiée et la basse-ville portuaire. En 1608, Champlain construit son Abitation près du fleuve et le fort Saint-Louis sur le dessus du cap Diamant. S’amorce la naissance de Place Royale et de la haute-ville. Puis, la haute-ville, dominée par les domaines conventuels, est ceinturée par des fortifications et coiffe le cap Diamant. Sa forme urbaine rayonne en éventail à partir du château Saint-Louis et de la place d’Armes. Le pouvoir politique et religieux y affirme une position dominante, en haut du cap, hautement symbolique. Les maisons y ont souvent un seul étage. Les premiers faubourgs apparaissent hors de l’enceinte fortifiée le long des chemins Saint-Louis et Saint-Jean à la faveur de la disponibilité d’un plateau vers l’ouest sur le dessus de la colline de Québec.
En contrebas, la basse-ville forme un noyau urbain ouvrier, commercial et industriel, au pied de la côte de la Montagne et près d’un port prospère. Elle s’organise selon un plan en damier dont l’extrémité des rues débouche sur le fleuve ou la rivière Saint-Charles. La partie du côté de la rue du Petit-Champlain s’étire en un ruban étroit, coincé entre le pied de l’escarpement et le fleuve, ou sur des remblais gagnés sur le fleuve. Au nord, au pied de la côte du Palais, se forme le noyau initial du faubourg Saint-Roch avec la brasserie, le palais de l’intendant Talon et ses jardins de même que des chantiers navals sur la rivière Saint-Charles.
L’actuel site patrimonial du Vieux-Québec comporte de nombreux témoins de cette époque et livre un caractère de ville française fortifiée et portuaire, au fort clivage de fonctions entre le haut et le bas de la ville. La tentative de colonie par Jacques Cartier, Charlesbourg-Royal, à l’embouchure de la rivière du Cap Rouge, révèle aussi l’importance du relief avec l’établissement de deux forts, un au niveau du fleuve et un autre sur le dessus de l’escarpement. Les vestiges découverts au parc Cartier-Roberval attestent la présence du fort construit sur le dessus de l’escarpement.
Par ailleurs, Cartier choisit pour hiverner en 1535-1536 un emplacement situé à proximité du village de Stadaconé, sur la rivière Saint-Charles en retrait de son embouchure. Ce site, première installation européenne, correspond au lieu historique national Cartier-Brébeuf (parc Cartier-Brébeuf) et démontre le rôle joué par la rivière Saint-Charles. L’illustration suivante permet d’avoir un aperçu général de la silhouette de la haute-ville et de la basse-ville de Québec en 1761. Le château Saint-Louis, les clochers des églises des Récollets, des Jésuites et de la cathédrale dominent l’ensemble bâti.
Les premiers axes routiers, voies de peuplement et liens interrives
Cette période met en place les premières voies de communication entre les bourgs et les villages. Ces voies servent d’axes de peuplement car les habitations se dispersent le long des routes créant un habitat rural aligné typique. Trois routes relient le territoire à d’autres régions : un chemin royal le long de la rive nord du fleuve, le tracé le plus ancien étant celui entre Cap-Rouge et Cap-Tourmente, un chemin royal sur la rive sud, la partie la plus ancienne se situant de Lauzon vers Beaumont et la route Justinienne (chemin des Îles) à Lévis reliant Pointe-Lévy vers la Beauce. Le chemin du Roy, dans Québec et Saint-Augustin, et la Route de la Nouvelle-France sur la côte de Beaupré en constituent une trace éloquente.
Les liens entre les deux rives pour franchir le fleuve sont rythmés par les saisons. Depuis la fin du 17e siècle, dès que les conditions sont favorables, la traversée estivale s’effectue à partir de Pointe-Lévy par un service de canotier ou passeur, en canot, en chaloupe ou en barque. Cette activité fait naitre un noyau au bas de la côte du Passage, ainsi nommée à juste titre. De même, des bacs servent au franchissement des principales rivières dont la Chaudière et l’Etchemin. Le gel du fleuve permet d’établir un pont de glace facilitant la traversée d’une rive à l’autre et la communication entre Québec et Pointe-Lévy, Cap-Rouge et Saint-Nicolas de même qu’entre la côte de Beaupré et l’île d’Orléans. Pendant l’hiver, le grand voyer trace alors des chemins balisés et installe des traverses de bois sur les battures. Le chemin Royal fait le tour de l’île d’Orléans en reliant les tronçons villageois initiaux. Seul le sentier des Jésuites, un ancien sentier amérindien, dessert la Jacques-Cartier à partir de la vallée de la rivière Saint-Charles vers l’arrière-pays jusqu’au lac Saint-Jean.
- En savoir plus : la carte de 1688 par Robert De Villeneuve
Cette carte constitue un bel exemple de l’organisation de l’espace rural des environs de Québec en Nouvelle-France. Comme nous pouvons le constater sur la colline de Québec, les principaux parcours correspondent à la coste St-Jean et la coste St-Michel reliant Cap-Rouge, au chemin de Lorette (partie de la route de l’Aéroport) vers Notre-Dame-de-Lorette (L’Ancienne-Lorette), la route de Charlesbourg (1ère Avenue), le chemin de Beauport (La Canardière) et un axe est/ouest entre Bourg-Royal, Charlesbourg (Louis-XIV/Bastien) jusqu’au Sault de St-Charles. Du côté nord de la rivière Saint-Charles figure un premier rang de rivière (Père-Lelièvre) reliant Québec à Notre-Dame-de-Lorette.
Villages et premiers noyaux de peuplement
Les sites d’établissement des moulins ou des chapelles deviendront l’origine des premiers hameaux et villages. Plusieurs moulins sont implantés à l’embouchure de rivières ou de ruisseaux. Quelques rares moulins encore existants témoignent de cet héritage français, dont le moulin des Jésuites, situé dans le Trait-Carré de Charlesbourg et le moulin du Petit-Pré à Château-Richer près de la rivière Sault-à-la-Puce. Peu de manoirs seigneuriaux subsistent aujourd’hui. Le manoir Mauvide-Genest, résidence du seigneur Mauvide à l’île d’Orléans, en est un éloquent exemple.
Deux principaux modes d’implantation de villages se dessinent : ceux en relation avec le fleuve et ceux à l’intérieur des terres. Parmi les villages tournés vers le fleuve, ces derniers s’implantent sur le rebord d’une terrasse ou de l’escarpement. Il s’agit, sur la rive nord, des villages de Beauport, L’Ange-Gardien, Château-Richer, sur la rive sud, de Lauzon et sur l’île d’Orléans, de Saint-Pierre et Sainte-Famille. Sur la rive sud, ce n’est pas avant les années 1720 que les établissements s’étendent au-delà de la bande riveraine au fleuve.
Des hameaux, quelques villages, de même que des missions se situent près du fleuve, profitant d’une bande de terre étroite au bas de l’escarpement, d’un espace littoral ou d’une pointe. Par exemple, en font partie la mission des Jésuites à Sillery, le noyau paroissial de Cap-Rouge et de Saint-Joachim au cap Tourmente ou, sur la rive sud, celui établi au pied de la côte du Passage, de même que ceux de Saint-Laurent et de Saint-Jean sur l’île d’Orléans.
À l’intérieur des terres, le noyau paroissial de Sainte-Foy, le village de Notre-Dame-de-Lorette (L’Ancienne-Lorette) et les bourgs de Bourg-Royal et de Charlesbourg se situent sur des hauteurs qui surplombent la dépression de la rivière Saint-Charles.
Ces villages ou noyaux paroissiaux ont en leur centre des chapelles ou de petites églises, soit des bâtiments de petite échelle, dont les églises actuelles de Sainte-Famille, Saint-Jean et Saint-François, ou l’ancienne église de de Saint-Pierre, sur l’île d’Orléans, sont des exemples de cette époque.
Espaces défrichés, cultivés et déserts
Très tôt, les colons défrichent la forêt et exploitent les secteurs en bordure du Saint-Laurent, propices à l’agriculture. Les champs gagnés sur la forêt ouvrent des espaces en enfilades ou en poches, réparties le long du fleuve, des rangs et des chemins.
Au pied des escarpements de la côte de Beaupré et du côté nord de l’île d’Orléans, les battures servent à la récolte de foin pour les animaux. À Saint-Joachim, des fermes occupent les terres basses du cap Tourmente dont les vestiges témoignent au Centre d’initiation au patrimoine La Grande ferme et à la réserve nationale de faune du Cap-Tourmente.
Les lots encore cultivés au cap Tourmente, le long de l’avenue Royale sur la côte de Beaupré, le long du chemin Royal à l’île d’Orléans, dans le secteur de la Martinière à Lévis, de même que le long d’axes anciens comme le boulevard Louis XIV à Québec représentent un héritage de cette période.
- En savoir plus : les espaces défrichés en 1688
Selon la carte par De Villeneuve, présentée précédemment, certaines étendues défrichées sont identifiées sous le nom de dézert [11]. Des espaces défrichés occupent les hauteurs et les bords extérieurs de la colline de Québec. D’autres espaces défrichés encadrent les abords de la rivière Saint-Charles ou l’axe entre Charlesbourg et la chute Kabir Kouba. Des espaces sont aussi ouverts le long de la 1ère Avenue, au Trait-carré de Charlesbourg, à Bourg-Royal ou le long de Louis XIV. De grands espaces s’ouvrent également jusqu’au fleuve tout le long de la côte de Beauport jusqu’à la rivière Montmorency, puis le long de la côte de Beaupré.
Des de terres défrichées s’échelonnent le long du chemin Royal à l’île d’Orléans. De même sur la rive sud, les espaces défrichés se concentrent près du littoral à l’est de la Pointe de Lévy de même qu’à Saint-Nicolas.
Perceptions des paysages
Les premiers découvreurs, Cartier et Champlain, laissent un important héritage concernant les noms qui désignent les différents lieux dans la région, associés à des rivières, des parties du territoire, des municipalités ou à des quartiers actuels.
Plusieurs descriptions des premiers explorateurs font état des beautés naturelles de la région. Mais surtout les observations révèlent avant tout leur intérêt au niveau économique et commercial, axés sur l’utilisation et l’exploitation des richesses naturelles. Durant cette période, la région fait également l’objet de plusieurs récits de voyage pour découvrir la végétation et la flore par des scientifiques et botanistes européens « selon l’idéologie du siècle des Lumières qui revendique des espaces de science et de sensibilité à la nature » [12]. En 1749, le botaniste suédois Pehr Kalm décrit les abords de Québec presque partout en culture. En effet, les alentours des maisons et des villages comportent peu d’arbres en Nouvelle-France comme en attestent plusieurs observateurs.
La vision de la nature, typique au Régime français, est caractérisée par le mouvement classique où l’homme domine la nature. Le jardin français, avec ses grands axes, ses perspectives étudiées, ses arbustes taillés et ses bassins d’eau, exprime toute la mainmise de l’homme sur la nature. Toutefois, les jardins en Nouvelle-France sont beaucoup plus restreints et surtout associés à des domaines de la noblesse. Ils témoignent d’un transfert vers la colonie de pratiques horticoles qui avaient cours en France pendant la Renaissance. Le jardin du palais de l’intendant à Québec, aujourd’hui disparu, en constituait le meilleur exemple dans la région [13].
Les parties hautes en bordure du fleuve ont joué un rôle déterminant au niveau militaire. Les fortifications sont implantées au point le plus élevé au bout de la colline de Québec pour voir les allées et venues sur le fleuve, tout comme le premier fort construit par Cartier établi en haut de l’escarpement à l’embouchure de la rivière du Cap Rouge. Wolfe se servira des lieux en hauteur environnants pour attaquer Québec : sur la rive sud, en haut de l’escarpement directement en face des fortifications et en haut de la chute Montmorency sur sa rive gauche.
- En savoir plus : la toponymie du territoire
Cartier explore la région et nomme le fleuve Saint-Laurent en l’honneur du saint du jour, le 10 août 1535. Il décrit des paysages d’une grande beauté, les avantages naturels de la côte de Beaupré et découvrant l’île d’Orléans, la nomme Bacchus puis, la renomme Îles d’Orléans. Parmi des toponymes hérités de la Nouvelle-France, retenons la rivière Saint-Charles, la rivière Chaudière et la rivière du Cap Rouge, la côte de L’Ange Gardien, la côte de Lauzon, la pointe de Lévy, Charlesbourg, Sillery, Beaupré, Château-Richer, Beauport ou Sainte-Famille, Saint-Jean, Saint-Pierre et Saint-François sur l’île d’Orléans. Outre le cap Diamant, la chute Montmorency s’avère un point de repère d’importance pour les explorateurs français et nommée par Champlain « Sault de Montmorency » [14].